Tu n’avais rien vu venir. Absolument rien et le plus triste dans l’histoire était de savoir que non, ce n’était pas très surprenant de ta part. Tu n’es pas bien débrouillarde, Jillianne, mais tu n’y peux rien et surtout, ce n’est même pas réellement de ta faute. Toute ta vie, tu as été couvée, surprotégée. Pas besoin de prendre le moindre risque, ou de faire les choses soi-même quand on possède les comptes en banque de ta famille. Sur le papier, tu as probablement – ou plutôt tu avais – une vie de rêve. Une existence enviable. En pratique, tu n’expérimentes rien, tu n’apprends rien, alors tu restes cette petite fille incapable. Tu as de jolies mains, c’est vrai, mais tu ne sais pas t’en servir correctement.
Alors évidemment, lorsque l’on t’avait attrapée et balancée dans cette camionnette, tu n’avais rien pu faire.
Un sentiment de panique t’avait gagné dès ton réveil. Tu étais perdue, au milieu de nulle part, à proximité de … rien, en réalité. Il n’y avait là qu’un désert, des champs asséchés par la chaleur du soleil qui pourtant ne te donnais pas l’impression de taper si fort que ça. Tu t’étais redressé pour te retrouver au beau milieu de la route. Une route déserte, elle aussi. Cela faisait maintenant pas loin de quinze bonnes minutes que tu étais là, assise sur le bord de cette voie goudronnée et tu n’avais pas vu le moindre véhicule. Rien. Il n’y avait rien ni personne et pour être tout à fait honnête, tu te sentais tellement perdue ici, au cœur de ce paysage inconnu, que tu n’osais même pas bouger, avancer, prendre une direction quelle qu’elle soit … droite, gauche, devant, derrière, rien n’avait de sens, tu craignais probablement de faire pire que mieux et pourtant, tu étais aussi parfaitement consciente du fait que peut-être, bouger était ta meilleure option pour demander de l’aide.
Jillianne
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Mer 5 Juin - 7:17
Une route déserte... Jilliane
Je m'étais réveillée sur un toit. Ou en tout cas un truc en tôle, surélevé par rapport au sol. Et j'y vois. Et c'est TRÈS perturbant. Je sais qu'à l'institut pour jeunes aveugles où j'ai appris à gérer mon handicap, on a de nombreuses fois rêvé de pouvoir à nouveau voir. Certains de mes camarades, après greffe par exemple, ont vu leur rêve exaucé. Sauf que... Je ne devrais pas voir. Il m'a fallu trois ans pour enfin l'accepter, mes yeux ont été brûlés, et le visage autour également, ce qui rend impossible une greffe, ou l'usage de caméra, par exemple. Du coup c'est terrifiant.
D'autant plus que je sens contre mon visage mon bandeau, et qu'en passant la main, je confirme que je le porte bien. Il me faut quelques manipulations pour comprendre qu'il semble agir comme un moucharabié. les mailles sont assez lâches pour que je vois à travers en collant le tissus contre mon visage, mais si je le met contre mon bras, je ne vois pas la peau en dessous, juste le tissus. Ce qui me pousse à le remettre, parce que son contact me rassure. Et à fermer les yeux, aussi, pour retrouver le noir réconfortant, et me calmer.
Bon. Qu'est-ce que je fous là, putain?! Rembobine. Qu'est-ce que t'as fait avant? J'ai du mal à me concentrer. Allez, reprends toi. Tu as amené Lyriel à la fête de sa petite copine Margaux. Ca, je me souviens. Tu as racheté du lait au leclerc. Oui, ça aussi, je me souviens, même que j'ai eu droit à une de ces remarques pleine de pitié dans mon dos qui me font grincer des dents. Je sais que j'ai pas de chance, si jeune pauvre petite, mais c'est pas besoin de me le rappeler à tout bout de champs. Est-ce que moi je te regarde en disant "pauvre femme si conne à son âge ça va pas s'arranger?!" Bon et après? Après je suis rentrée. Les 57 pas jusqu'au feu. Attendre le signal sonore. 153 pas, puis tourner à gauche. Encore 50 pas, attention à la bouche d'égout mal placée. Non. Je ne suis pas arrivée à la bouche d'égout. J'ai été interrompue par un type en voiture. Le genre camionnette, assez vieille, avec les plaquettes qui commencent à siffler. Pas que ce soit perceptible encore pour un voyant, mais bref. Un type qui m'a demandé s'il pouvait m'aider, chargée comme j'étais. C'est ça. T'as posé tes sacs, parce que oui, ils sont lourds. Tu t'es concentrée sur le conducteur... Et j'ai pas fait gaffe au type qui me suivait depuis le supermarché. Parce que genre c'est pas inhabituel sur cette portion de route. T'aurais du. Ouais, j'aurai du, j'aurai aussi pu chanter la marseillaise à plein poumon. C'est pratique de dire ça maintenant. Donc le type est arrivé à ma hauteur... Une piqure dans le bras. Donc j'ai été kidnappée.
Une vague de nausée me submerge. Qu'est-ce qu'ils m'ont fait?! Respire. Où est-ce qu'ils m'ont emmené?! Res. Pire. Où est mon fils? RESPIRE, BORDEL! J'obéis à la petite voix de la raison. Juste respirer. Bien. Qu'est-ce que j'ai appris aux cours de défense? A réagir automatiquement en cas d'attaque. Je crois que ça t'as bien retenu la leçon. J'crois qu't'as même réussi à coller un coup de boule à l'un de tes kidnappeurs. Tant mieux. J'espère lui avoir pété le nez. Ensuite? Rester calme. Je crois que j'ai retrouvé le mien. En même temps, me raccrocher à des règles simples, ça aide. Chercher de l'aide. J'ai quoi sur moi? Ma canne. Je l'ai toujours serrée dans ma main, fine canne blanche avec une boule de gomme au bout. Mon sac à main?! Je tâtonne autour de moi avant de penser à ouvrir les yeux. Non. Pas de sac à main. Putains, connards! Y a tous mes papiers dedans, vous savez à quel point c'est chiant à refaire faire?! Mon portable? Je tâte ma poitrine à la recherche de la petit poche "secrète". Oui! Je l'ai! Espoir de courte durée, il est éteint. Et ne se rallume pas quand je teste. Ce qui veut dire que je suis restée inconsciente plus de 24h, puisqu'il lui restait environ ça de batterie.
Bon. Donc je suis sur un toit en tôle, surplombant une route, en robe, avec ma canne, un portable déchargé, je vois, ce qui est hyper perturbant... Et je n'arrive pas à comprendre ce qu'il se passe. Et je ne comprendrais pas mieux en restant plantée là. Je descend doucement de mon perchoir... Ah en fait c'est un arrêt de bus. Il y a des bus qui passent? Difficile à savoir. Il y a bien un panneau horaire mais il est tout abimé, flou et à peine lisible. D'un autre côté, s'il y avait un bus, tu l'aurais vu, vu depuis combien de temps t'es là haut... C'est vrai. Et vu les champs autour, c'est pas un bus qui passe toutes les 10 minutes comme en ville. Pas vu de voiture non plus. Bon, et maintenant, par où? Suis la route? Elle arrivera bien quelque part? Mouais.
Pas après pas, balançant par habitude ma canne devant moi, j'essaie de réapprendre. Réapprendre à voir. A faire coïncider les informations visuelles que je reçois avec les sons et sensations tactiles dont j'ai pris l'habitude. C'est après 5 minutes de marche que je vois un mouvement sur la même route. Un autre humain. Fille? Garçon? Ami ou ennemi? Je ne sais pas. Et tu sauras pas si tu approche pas. C'est vrai. Et si c'est un ennemi... Il va prendre ma canne dans la gueule quitte à ce que je la lui casse sur la tête! Ouais ben en attendant, relâche la un peu tu vas y faire peur à c'te nana... Et si c'est une amie, ça sert à rien de te la mettre à dos de suite. Allez, essaie d'être polie... Bon, on va dire que le hochement sec de la tête vaguement dans sa direction, ça va être ma limite de politesse tant que j'en sais pas plus... Est-ce qu'elle en sait plus? Eh, si ça se trouve j'suis coincée dans un autre monde! Est-ce que c'est une autochtone? Euh. Que je la connaisse ou pas, il y a UNE question importante.
"Excusez moi? Vous auriez pas vu un gosse de 7 ans, cheveux en pétards?"
Je sais. La dernière fois que je l'ai vu il était chez Margaux, et avec de la chance il y est toujours. Mais la chance, c'est ce à quoi se raccrochent les idiots.
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Ven 7 Juin - 19:26
Tu essaies d’identifier un paysage … le climat. Ça ne ressemble pas à l’Angleterre, ça non. A cette période de l’année, peu importe où, ton pays natal est venteux, un peu frais, assez humide encore. La pluie intervient encore très régulièrement dans le climat pour rappeler que l’été n’est pas encore tout à fait installé. Tu fixes la route. Les quelques bâtiments aux alentours. Tu cherches des indices, les signalisations, le marquage au sol. Toi qui tentais la semaine dernière encore de mémoriser le code de la route… Malheureusement, tu ne reconnais rien. Il n’y a que les bâtiments, cette espèce de restaurant à l’abandon sur le bord de la route et dont les fenêtres et la porte ont été barricadés par d’épaisses planches de bois qui te donne un indice – peu précis – … Très américain. Comme dans les films. Les séries. C’est la seule déduction que tu parviens à faire, et peut-être que tu te trompes. Que ferais-tu à de l’autre côté de l’océan, sur un tout autre continent ?
Ta situation semble tout à fait désespérée, et il le faut le dire, désespérante, aussi. Tu n’as rien sur toi. Rien d’autre que cette robe blanche – pleine de tâches sombres et de poussière grise -, que tes ballerines, et ta petite veste en jean. Pas de papiers. Pas de téléphone. Tu n’as même pas tes clés. Tes poches sont vides. Un peu à l’image de ton cerveau, présentement d’ailleurs, étant donné que tu n’agis pas, que tes réflexions sont totalement aléatoires, et qu’aucune idée lumineuse ne semble vouloir pointer le bout de son nez pour possiblement te donner l’envie ou la motivation de te lever et d’avancer une direction.
Tu as l’air d’une pauvre idiote. Rien qu’une gamine abandonnée sur le bord de la route, sans le moindre repère. Ton regard se balade un peu partout … et il finit par s’arrêter sur cette silhouette féminine qui s’avance lentement vers toi. De longues, très longues minutes que tu es là, seule, que tu n’as vu personne et qu’aucun son ne t’es parvenu aux oreilles si ce n’est celui du vent qui vient secouer les taules rouillées des vieux bâtiments derrière toi. Et voilà qu’elle apparaît cette femme étrange. Grande. Les cheveux courts. Elle tient une canne dans sa main, une canne blanche, comme celle qu’utilisent les aveugles. Sur ses yeux, il y a ce bandeau sombre qui te fait dire qu’effectivement, elle n’y voit probablement rien. Et pourtant … Elle se dirige vers toi sans la moindre hésitation, et elle s’adresse à toi comme si elle savait avec certitude que tu étais là alors que tu n’as pas émis le moindre son. Déconcertée, tu prends quelques secondes, tu l’observes, tu regardes autour de toi. « Non… » C’est la seule réponse qui sort de ta bouche. Tu n’as vu personne, encore moins un gamin. Qu’est-ce qu’un gamin ferait dans un endroit pareil, en plus ? Qu’est-ce que tu fais, toi, dans un endroit pareil ? « Mais, dîtes moi … Où est-ce qu’on est, exactement ? Je … je me suis réveillée par terre, au milieu de la route, juste là. » Par réflexe, toujours sans savoir si elle est capable de voir, tu pointes du doigt l’endroit exact où tu étais étendue vingt minutes plus tôt, songeant qu’heureusement, aucune voiture, aucun camion n’était passé par là. « Est-ce que vous sauriez par hasard comment je peux rentrer à Londres ? » Ta mère allait faire une crise d’angoisse si elle ne te voyais pas rentrer bientôt … à tous les coups, elle avait déjà contacter la police et tous les hôpitaux.
Jillianne
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Ven 7 Juin - 21:01
On est deux paumées là... Jilliane
Pas de réponse. Pendant quelques secondes, je doute. Est-ce qu’en fait de voir j’aurais des hallucinations ? Pourtant je n’entends rien, là. Ailleurs j’entends bien des grillons, des cigales, mais pas là où j’ai vu la fille. Doucement, je balaye avec ma canne… Oui, non, je bute bien sur un truc. Non. Non elle n’a pas vu Lyriel ? C’est une question ou une réponse d’ailleurs son non, parce que à sa voix (et je me fie quand même vachement plus à ça qu’à mes yeux), elle n’a pas l’air assurée. Jeune, hésitante. Perturbée ? Plus petite que moi aussi. Ce qui correspond d’ailleurs à ce que je vois. C’est bizarre bon sang… Je ferme à nouveau les yeux sous mon bandeau pour me concentrer un peu plus, loupant du coup son mouvement du bras. Les paroles suivantes confirment ma première impression. Elle est paumée, et ne sait pas où elle est. Comme moi. Elle s’est réveillée sur la route, hein ? Un bruit m’échappe, une sorte de claquement de langue, assourdi derrière mes lèvres fermées. Je réfléchis. Elle continue. Londres ? Euh… Allo Houston on a un problème. Plus gros que je ne le craignais.
« Tu étais à Londres quand tu as été kidnappée ? »
Par un réflexe, comme une réponse à ce ton perdu, je suis passée au tutoiement, avec le naturel de l’habitude, de l’exercice en pédiatrie. J’essaie de garder un ton doux. Calme. Ce ton que j’appelle en riant mon ton de Maman. D’adulte qui sait compter jusqu’à plus que 1000, et à qui mon fils ou les petits patients du centre pédopsy peuvent tout dire, en sachant que je leur donnerai la meilleure réponse possible. Je la « regarde » dans les yeux, ce qui est moins difficile à faire qu’on ne pourrait le penser : Les yeux sont 10 centimètres au dessus de la bouche et elle vient de me parler. Et tout en continuant de parler, je réfléchis.
« J’étais à Cannes. Est-ce que tu as une idée de pourquoi nous avons été kidnappées ? Vu quelqu’un ? »
Autant d’informations qui peuvent servir, non ? Je sais plus qui disait que l’information était le pouvoir… Qu’est-ce que j’ai d’autre comme information ? Mon portable déchargé. Sauf que si j’y réfléchis un peu, si j’étais restée inconsciente pendant 24h j’aurais les crocs mais quelque chose de bien. Là, j’ai un peu faim, oui, et mon poignet me gratte. Par réflexe, j’y porte la main… et rouvre les yeux.
« Qu’est-ce que c’est que ce bordel… ? »
Y a pas un truc pas à sa place sur mon avant bras là ?!
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Sam 8 Juin - 17:26
Sa canne vient buter contre ton bras fin et tu ne réagis pas, trop heureuse sans doute de tomber sur quelqu’un, de pouvoir ouvrir la bouche et poser tes questions, tu es concentrée sur tes interrogations, tes informations, tes indications. Elle cherche un gamin. Tu cherches ta maison. Au final, elle a l’air aussi perdue que toi, cette dame. Oui, elle est plus âgée que toi. Tu peux lire ça dans ses traits, sa voix, sa façon de parler. Tu doutes qu’elle puisse réellement t’aider, au final, et ça te fais soupirer, même si tu n’es pas mécontente de voir ta solitude t’envoler parce que … non, tu ne supportes par vraiment de rester seule comme ça. « A Cannes ? » … Elle est Française, alors ? Non. Probablement pas, ou alors, elle comprend parfaitement ta langue maternelle. Mais, Cannes et Londres, c’est éloigné. Alors comment est-ce que vous avez fait pour vous tomber dessus, ici, maintenant ? Tout ça, c’est bizarre. Du coup, sa présence et les quelques bribes d’informations qu’elle amène à ta connaissance te font te poser encore plus de questions qu’avant. Ça te fait peur, aussi, mais ça … tu ne le diras pas. Et puis surtout, tu évites de paniquer, de te mettre à hurler. Tu restes assise. Tu ne t’agites pas. Tu fais comme si tout allait bien, comme si tu étais parfaitement calme alors qu’au fond de toi, c’est la tempête. « Je n’ai rien vu non … » Tu n’avais senti que la force de cet homme – tu supposais que c’était un homme – lorsqu’il t’avais attrapée puis jetée dans son véhicule. Après ça, tu avais perdu connaissance et puis … et puis c’est tout. Ensuite, il y avait eu cette route, cet endroit, cette femme. Tu finis par hausser les épaules. « Quand au pourquoi, je ne suis sûre de rien. Ma famille est riche, mes parents surtout, peut-être qu’ils veulent une rançon. » Une grimace se dessine sur ton visage. Encore une fois, tu avais l’impression d’être dans un film, ou une série américaine. Le truc, c’est que plus le temps passait, plus il semblait que tu avais le mauvais rôle, celui de la victime, ou celui de la pauvre fille qui finit par mourir bêtement.
Distraitement, tu frottes tes jambes pour en retirer un peu de poussière. Tu n’en sais pas plus, alors tu souffles et puis, tu te remets à observer cette femme. Elle semble intriguée par ce truc sur son poignet, et alors qu’elle s’exclame, tu te mets à fixer le tiens. Il y a bien quelque chose là, c’est comme greffée à ta peau, incrusté dans ta chair. Tu ne sens rien. Ça ne fait pas mal. C’est comme si ça faisait partie de ton corps, comme si ça avait toujours été là. Pourtant, hier encore, ça n’y était pas, ça tu le sais. Alors tu te mets à tirer dessus, tapoter dessus, et puis, alors que tu passes la main dessus, tout simplement, il y a ce petit écran transparent qui apparaît, qui flotte dans l’air comme dans les films de science-fiction. « Inventaire … achats … communications … » Tu lis à haute voix, sans même t’en rendre compte, parcourant les différents menus, avisant les points indiqués en bas de l’écran et bien d’autres choses que tu ne comprends même pas. « J’ai jamais vu un truc pareil, c’est surréaliste, comment c’est … possible ? » Tu finis par te lever, en observant autour de toi. « Peut-être qu’on devrait essayer de trouver d’autres personnes ? Vous ne pensez pas ? »
Jillianne
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Sam 8 Juin - 18:39
On the Road
« J’ai mal à la tête. » C’est la première chose que Ganke a dit en se réveillant. C’est vrai, il a une putain de migraine, c’est horrible. « Ah. C’est pas ma chambre, ça. » C’est la deuxième chose qu’il dit, très calmement, en regardant autour de lui. Pourquoi il est au milieu d’une voie de chemin de fer ? C’est un peu dangereux quand même. Et les gens qui l’ont foutu là s’y connaissent clairement pas en assassinat parce que là il est pas ligoté donc il peu facilement bouger avant que le train arrive. « Ils ont pas regardé assez de westerns, » Mystery pense tout haut en se levant. Il enlève la poussière de son pantalon et regarde autour de lui d’un air impassible. C’est pas comme si il paniquait. Je pense pas que la panique ou le stress sont des éléments du code génétique de ce gosse de toute façon. Non, il regarde juste autour de lui en se demandant comment il a réussi à se perdre à ce point. C’est pas vraiment un paysage japonais ça. En plus il fait chaud. Trop chaud pour porter un hoodie pikachu. Malheureusement. Donc il l’enlève et le noue autour de sa taille avant de se mettre en marche. Peut-être qu’il allait retrouver le chemin vers chez lui. Mais cet endroit lui dit rien. Mais bon, il se met en route en siflottant le générique de pokémon. La vache, c’est mort ici. Y’a pas un chat. Ah. Ah si. Enfin c’est pas des chats. C’est des filles. Des femmes. Des nanas. Des gens quoi. Elles ont l’air de bouger et de parler donc elles doivent être vivantes. Avec un peu de chance. Parce que ça ressemble un peu à un univers post-apo ici quand même. Y’a la vibe.
Il ignore complètement le fait qu’elles ont l’air en plein conversation quand il s’approche et balance un « Salut ». Il reste silentieux jusqu’à s’arrêter à leur niveau, mains dans les poches de son jean. Il regarde autour de lui, toujours silencieux. C’est pas qu’il veut garder le mystère. Il sait juste pas quoi dire. Jusqu’à ce qu’il regarde les écrans qui sont devant les filles. « Eh, c’est quoi ça ? » il demande, parce que c’est cool. On dirait les écrans de Tony Stark dans Avengers là.
Eh ben on est pas rendues. Sérieusement, poulette, MOI j'ai une excuse, mais je sais des trucs quand même! Je sais qu'il y avait 2 kidnappeurs. Au moins un mec. Bref. Inutile de le lui dire, elle est aussi paumée que moi, et ça l'aiderai pas. Non, c'est pas de la gentillesse. C'est juste que si elle craque, elle va au mieux être un poids mort, au pire un danger. Et j'ai pas de temps à perdre. J'ai un fils à retrouver. A voir? Comme moi, Queenie essaie de comprendre ce qu'il lui arrive. Une rançon? Ça m'étonnerai. D'abord parce que j'ai pas de parents riches, ensuite parce que j'ai très exactement 254 euros sur mon compte à la fin du mois, qui partent sur le livret A de mon fils. Fermé jusqu'à sa majorité. Et puis, nos ravisseurs nous auraient lâché en pleine campagne? Sans même qu'on aie eu le temps de leur démontrer à quel point on était chiantes?! Non, et puis, j'ai beau être aveugle et n'avoir que 24 ans, je lis la presse, et je travaille dans un CMPP. Je suis capable d'imaginer 2 ou 3 moyens pour des kidnappeurs de "rentabiliser" un otage pour qui il n'y aurait pas de rançon. Surtout une fille. Encore plus jeune comme ma vis à vis. Non, j'en doute.
Alors quoi?! Qu'est-ce que nos kidnappeurs veulent de nous? Est-ce que c'est eux qui nous ont mis ce truc dans le poignet? Un losange. J'enlève mon gant, et tant pis si je montre ma peau grêlée de cicatrices rouges, brillantes de brulures. En dessous j'ai ce truc. Incrusté dans ma peau. Ce qui n'est pas possible. Je me souviens du temps qu'il a fallu pour que mes blessures cicatrisent. T'es en train d'oublier de respirer, là. Inspire. Bloque. Souffle doucement. Bien. La fille a côté de moi a pressé sur son truc, et créé une fenêtre devant ses yeux. Un truc holographique. C'est peut-être pas pour rien en fait que tu y vois, soudainement... Oui, enfin, c'est pas POSSIBLE! Je sais quand même à quoi ressemblent mes yeux, sous ce tissus! Et qu'est-ce qu'elle raconte? Elle lit ce qu'elle voit? Inventaire, achats... C'est une interface de jeu ou quoi?! Et... Qui est le crétin qui SIFFLOTE?! Deux pensées se téléscopent en moi. 1): Quand tu croise un mec en robe dans une foret hyper craignos, salue le hyper poliment. Proverbe roliste. 2): C'est quelqu'un qui est trop détendu pour être paumé. Des infos?
Je tourne la tête vers le son, sans faire attention à la fenêtre... Et à mon doigt qui a appuyé sur un truc. C'est un adolescent qui nous approche. Avec ses pieds qui raclent le goudron selon la démarche "typique" des adolescents "peinardtranquille" qu'on se demande des fois s'ils ont pas fumé un truc... Un salut. Auquel je réponds, sans faire attention encore une fois à ma main qui a re traversé la fenêtre sortant de mon poignet. Qu'est ce que c'est... Sherlock si je le savais, je me poserai pas la question! Non, on va pas lui dire. Zeeeeeen. Ne commence pas à t'aliéner de potentiels camarades de galère.
"Aucune idée. On s'est réveillées il y a quelques minutes avec ça dans le poignet..."
Et paf troisième appui sur la fenêtre. Le "bip" manque de me faire bondir au plafond, et le truc qui rebondit contre ma tempe avant que je ne le rattrape par réflexe entre mes bras et mon torse m'arrache un magnifique
"Putain de bordel de merde!"
C'est quoi CA?! J'ai un APPAREIL PHOTO POLAROÏD. Qui vient de me TOMBER DU CIEL!
"Queenie. Pince moi, putain, je rève."
Oui, c'est à la "gamine" que je m'adresse, en tendant ma main dégantée, avec ses cicatrices. Pourquoi "Queenie"? Parce qu'elle a dit venir de Londres, et ils ont une reine. En soit la question de rêver ou pas, on s'en fout à ce stade. J'ai régulièrement des rêves "eveillés", quoique pas aussi précis, et je m'y comporte pareil qu'en vrai. Je suis comme je suis après tout. Et là, au milieu d'une route au milieu de nulle part, on est trop isolés. Un Trex pourrait se pointer et nous bouffer. Pourquoi un Trex? A cause du jeu favori de Nethys, mon collègue. Un jeu ou on se retrouve sur une plage déserte avec des dinosaures. Au moins si c'est un rêve, je pourrais en reprendre le contrôle.
"J'crois qu'on devrait pas rester là..."
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Dim 9 Juin - 19:57
Evidemment, maintenant, tu étais d’avis de bouger. L’inactivité ne t’avais jusqu’ici pas tellement réussi et puis, maintenant, tu étais accompagnée et visiblement, ça te donnait un peu de courage. Assez pour arrêter de végéter, et éviter de prendre racine sur le bord de cette maudite route, en tout cas. Il n’y avait pas à dire, tout ça, c’était de plus en plus bizarre. Cette femme était bizarre. Ce paysage était bizarre. Ce truc dans ton bras, dans le sien, c’était bizarre aussi. Toute cette histoire était complètement et définitivement bizarre. Ouais. C’est ça. Maintenant, tu es totalement motivée sauf … sauf que t’es coupée dans ton élan. Il te suffit de tourner la tête pour le voir, ce gars tout bizarre. (Ça fait beaucoup de bizarreries, n’empêche.) Il est là, planté à côté de vous deux, c’est à peine si tu l’as entendu siffloter … « T’es qui toi ? » Ça sort tout seul, alors que tu plisses les yeux en l’observant, en le détaillant. On dirait un gamin. Un gamin qu’on aurait arraché de sa chambre au beau milieu d’une soirée geekage. A tous les coups, il ne s’est rendu compte de rien … « T’as le même sur le bras. » Tu pointes du doigts son poignet. Effectivement, il a le même petit gadget, et il fait probablement la même chose que le tien et celui de la madame aux cheveux blancs. D’ailleurs, puisqu’on en parle, de cette gentille dame, elle est en train de bidouiller dans les menus du bordel et franchement, tu ne sais pas trop si elle est responsable de cette chute inopinée d’appareil photo mais à deux ou trois centimètres près, elle était au sol en train de dormir avec une belle bosse sur le crâne.
Par précaution, tu fais quelques pas en arrière, tu t’éloignes d’elle et tu te rapproches plutôt du gamin. Il a une tête étrange. Et il a l’air sortie d’un asile d’aliénée mais au moins, rien ne lui ait encore tombé sur la tête. Si ça se trouve, c’est contagieux. On ne sait jamais, Jillianne. « Ah non, vous ne rêvez pas … c’est … tombé du ciel. » Et voilà que tu te mets à regarder le ciel. Un ciel normal. Bleu. Sans le moindre nuage. « Mais je suis d’avis de bouger d’ici, surtout s’il pleut de l’électronique. La prochaine fois, ça sera peut-être une télé. » Ce qui était plutôt inquiétant, vous en conviendrez.
Tu te mets donc en route, suivant simplement la route en empruntant une direction un peu au hasard tout en continuant de bidouiller l’étrange appareil qui se trouve à ton poignet. Tout te rappelle certains jeux vidéo, aussi intuitif, le même genre de menu. « Evidemment, y’a pas une carte qui traîne dans ce machin. » C’aurait été bien trop beau, n’est-ce pas ? Tu finis par abandonner, préférant marcher calmement tout en observant les alentours et ce n’est qu’au bout de trois quart d’heure, environ, que quelque chose d’intéressant apparaît dans votre champ de vision. Il s’agit d’un terrain vague sur lequel quelques vieilles caravanes semblent avoir été abandonnées. Il y en a quatre exactement et durant un instant, tu as espoir de trouver quelqu’un qui puisse enfin répondre à vos questions alors … tu te mets à crier. « HEHO. Y’A QUELQU’UN ICI ? ON EST PERDUS ! »
Jillianne
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Jeu 13 Juin - 21:06
On the Road
Le même sur le bras ? Ganke regarde son bras avant de sourire, « Classe, » il dit vaguement. Il commence à jouer avec, à explorer les menus. C’était un inventaire ce truc ? Ca a l’air. Ca ressemble à un truc de jeu vidéo. Shtonk. L’ado lève les yeux doucement pour regarder la fille aux yeux bandés qui s’excite toute seule. Elle a l’air paniquée, et franchement il comprend pas vraiment pourquoi. C’est pas comme si ils étaient vraiment en danger. Bah ouais y’a un appareil photo qui est tombé du ciel mais c’est pas comme si il pleuvait des pianos. Bien sur l’appareil photo ça fait des bosses, mais au moins c’est pas trop lourd et ça a pas de pics ou quoi. En soit, c’est presque sur qu’avec un parapluie t’évites la plupart des coups. Faut juste pas avoir envie de sauter dans les flaques après.
Les adultes commencent à marcher, et sans vraiment réfléchir, Ganke fait la même chose. Il regarde pas vraiment où il va. Il faut dire que son instinct d’ado scotché à son téléphone prend facilement le dessus. La route est déserte et pas franchement intéressante de toute façon, donc c’est vachement mieux de regarder les inventaires. Vides. Achats. Pas maintenant. L’instinct de joueur du japonais lui disait qu’il valait mieux attendre avant d’acheter des truc bêtement. C’était seulement sa philosophie dans les jeux vidéos, pas en vrai. C’est peut-être un jeu vidéo ici. Vachement réaliste, vachement grand, vachement vide, mais un jeu vidéo quand même. Dans ce cas il lui faut un pseudo de joueur. Ganke c’est vraiment pas assez cool. Qu’est-ce qu’il allait choisir ?
« Mystery, » il marmonne. Ah bah voila. Il a trouvé. C’est à ce moment que Mystery regarde autour de lui. La vache. C’était vachement typé américain comme endroit. « La map est pas japonaise » le jeune homme dit, comme si c’était évident pour absolument tout le monde qu’ils étaient dans un jeu vidéo.
Je viens de prendre un foutu putain de polaroïd sur la tête. Ce qui a l'air d'affoler la gamine, et... de faire relever la tête au gamin neurasthénique. Ok, lui il mourra pas d'un infarctus. Bon, et c'est un vrai appareil photo, hein, froid sous mes doigts. Je lève la tête, lève une main au dessus de moi pour chercher... Je sais pas une trappe, un running gag, une caméra invisible? Rien. Les deux autres s'éloignent, la fille un peu précipitemment. Je les suis. Le silence est pesant. Il y a trop de questions qui se bousculent dans ma tête. Pourquoi j'y vois? Est-ce que je vois réellement d'ailleurs? Qu'est-ce qu'on fait dans un endroit pareil? La fille est anglaise, moi française, et le gamin? Aucune idée. Et puis ces trucs dans nos poignets. Encombrée de ma canne et de l'appareil photo, je peine à marcher et à regarder en même temps les fenêtres holographiques devant moi. Queenie a dit qu'il n'y avait pas de carte. Mais un menu? Un journal de quete ou une interface d'aide? Difficile à voir. Je n'ai plus l'habitude de marcher en regardant où je vais, et j'envie l'aisance du gamin. Par deux fois, je trébuche sur un caillou dont j'ai mal estimé la position. "Pas d'interface d'aide non plus, on dirait?"
Finalement, je trouve le rythme. Je m'arrête quelque secondes, fouille un peu dans les menus, puis rattrape les 2 autres à grandes enjambées aidée de ma canne.Je m'arrête, je fouille un peu... Visiblement, l'appareil photo qui m'est tombé dessus, ce serait un achat fait en jeu... Ok. Ben heureusement que j'ai pas acheté une maison. Et sinon, si je pose l'appareil... Oui, il est absorbé par la fenêtre et apparait sous forme d'un carré. Ok. J'essaie la même chose avec un caillou pris sur le bord du chemin... Ca marche aussi. OK. C'est. Pas. Du Tout. LOGIQUE! Et ça n'explique pas ce qu'on fait au milieu d'une campagne paumée... Une map pas japonnaise. Merde il est jap, le gosse?! C'est une anglaise une française et un jap au milieu de nulle part. Ouais, même moi je vois rien de drôle à tout ça. En parlant de l'anglaise, elle s'arrête. Elle fatigue? C'est vrai que ça fait un moment qu'on marche, et si moi je m'y oblige régulièrement (faut bien garder la ligne), elle a peut-être pas l'habitude de marcher autant. Elle appelle. Elle espère quoi exactement, que le bon dieu va sortir d'une de ces caravanes et nous dire qu'on est au paradis? J'en doute.
"Tu voudrais pas baisser d'un ton? Si on est dans un jeu comme le dit le pokéfan, tu risque d'attirer des monstres, et dans une campagne paumée trou du cul du monde, c'est un coup à énerver un gars un peu territorial au fusil facile..."
Oui, je suis d'accord qu'on a besoin d'infos mais... Attend c'est quoi ce bruit, là?
Lauranna s'exprime en Français, mais bon, parait que tout le monde se comprend.
Lauranna
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Sam 22 Juin - 14:08
Tu n’as, pour ainsi dire, aucune conception du danger. Récapitulons, Jill. Tu as été kidnappée, ce qui en soit, n’est déjà pas anodin. Tu t’es ensuite réveillée au beau milieu dans la route, dans un endroit qui t’es complètement inconnu, tu es maintenant accompagnée de deux inconnus et il y aussi ce truc étrange, greffé dans ton bras, mais qui n’était pas là ce matin encore. Et pourtant, voilà que tu avances avec aplomb et que tu te permets même de hausser le ton pour attirer l’attention de potentiels nouveaux inconnus qui pourraient se trouver dans ces caravanes que tu viens de dénicher. De vieilles caravanes, qui, si tu y regardes de plus près semblent en fait avoir été laissée là, à l’abandon. Si tu avais été plus observatrice, tu aurais aussi vu que la porte de l’une d’entre elle était grande ouverte et que le petit barbecue de camping était renversé juste devant. « Mh, vous pensez vraiment qu’on est dans un jeu vidéo ? » Bon, tu l’avoues là, tu t’exprimes de façon un peu hautaine et par-dessus tout, tu te moques. Parce que, oui, ok, c’est bizarre tout ça, n’empêche que, de là à supposer que quelqu’un vous a enfermés, vous, des personnes réelles – du moins, toi, tu sais que tu l’es – dans un jeu vidéo, autrement dit, un monde virtuel se trouvant stocké sur un disque dur, un univers entièrement binaire … Clairement, c’est du délire.
« HE HO. » Tellement du délire, que tu continues de crier, quand bien même tu as compris qu’il n’y avait personne dans ces caravanes, tu essaies de prouver aux deux autres que c’est toi qui à raison, elle dit de pas crier, alors tu le fais. Esprit de contradiction, quoi. Et vu qu’aucun mec bizarre armé de fusil ne sort de derrière les véhicules abandonnés, tu te permets même de te retourner, de faire une grimace et de ponctuer ton petit numéro d’un clin d’œil, le tout, avant de continuer d’avancer en direction des caravanes, plus précisément de celle dont la porte est grande ouverte.
Passant la tête dans l’encadrement de la porte, tu te mets à agiter la main devant ton nez, en grimaçant une nouvelle fois. « Urgh, ça pue là-dedans. » Et pourtant, ça ne t’empêche pas de monter dans la caravane pour commencer à fouiller l’endroit, d’ailleurs, tu repères assez rapidement la source de l’odeur désagréable, à savoir, de la viande abandonnée dans un plat posé sur une table. « Et bah … je vous conseille pas d’ouvrir le frigo. »
Jillianne
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